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Motivations derrière Live 4 Life
Focalisation sur des thèmes extra-musicaux dans les créations : le Capitalisme, les Free Party, la Solitude
Comme le compositeur Francis Dhomont, mes principales préoccupations en musique, en art et dans la vie ne concernent pas celles de la « musique pure », se référant uniquement à elle-même, mais touchent à des thèmes extra-musicaux (capitalisme, les Free party et la solitude).
Je pourrais qualifier mes improvisations sonores de la même manière que Francis Dhomont le fait pour sa pièce Phœnix XXI : « une musique qui est abstraite dans sa réalisation, mais figurative dans son intentionnalité ».
Mes improvisations interrogent ainsi, via l'outil et la manière de créer, les thèmes les plus importants de ma vie et offrent mon interprétation de la société, comme exprimé par Luigi Nono, qui est cité par Joshua D. Parmenter (un développeur de longue date de SuperCollider) dans chaque email sur les listes de diffusion SuperCollider :
« Chaque compositeur - en tout temps et en tout cas - donne sa propre interprétation de la structure de la société moderne : qu'il le fasse activement ou passivement, consciemment ou inconsciemment, il fait des choix à cet égard. Il peut être conservateur ou il peut se soumettre à un renouvellement continu ; ou il peut s'efforcer d'une palingénésie révolutionnaire, historique ou sociale. »
En raison de la structure de spatialisation basée sur les couches et les événements de l'outil (voire Objectifs de spatialisation), l'outil permet de créer facilement un espace d'événements disjoint, non lié, non structuré, individualiste, de la même manière que j'ai expérimenté cette société moderne basée sur les affaires et l'individualisme, et la vie avec son chaos.
Focalisation sur le DIY, le code libre, immatériel et open source : Éviter autant que possible l'utilisation de produits commerciaux (Partage en open source ou meurs !)
Le projet Live 4 Life, qui est une forme de résistance à ce monde imposé, est né du désir de se reconnecter à la vie. Il a été créé en réponse au monde et à l'environnement (sociétal, familial et personnel) dans lequel j'ai vécu. Je reflète ainsi dans mes improvisations ce monde individualiste et ma façon désabusée d'y faire face, en essayant d'utiliser le plus possible du code libre, afin de ne pas reproduire et encourager ce monde marchand. Sans mes expériences personnelles ou traumatismes dans ma famille ou dans le monde professionnel, ayant travaillé dans des multinationales dans les domaines de la banque, de l'industrie et de la communication, mon intention de vouloir créer ce projet en open source n'aurait peut-être jamais vu le jour.
Ne souhaitant pas adapter mes idées à un produit commercial, j'ai choisi en 2011 de développer mon propre outil de performance sonore spatialisée sur la plateforme open source SuperCollider, dans le but ultime de dépasser le simple partage de l'écoute ou du regard. En effet, l'objectif ultime était de tendre vers une libéralisation des modes de créations, en se concentrant davantage sur le faire ensemble en dehors du marché et le partage de pratiques créatives ouvertes à tous, en donnant l'ensemble du code développé au fil des années, à l'instar de nombreux artistes qui distribuent leurs codes en open source, comme Fredrik Olofsson ou CHDH avec les projets egregore ou vivarium.
Pour pouvoir partager avec le monde entier, j'ai aussi tendance à me concentrer sur le code et son immatérialité grâce à un ordinateur générique. Si je m'étais concentré sur des outils et des machines spécifiques ou sur des systèmes modulaires matériels spécifiques, je n'aurais pas été en mesure de le partager facilement avec d'autres, puisqu'ils auraient dû acheter une machine ou une marque spécifique.
Je n'ai donc plus rien à dire sur les personnes ou les artistes qui s'adaptent uniquement au monde ou aux outils commerciaux et qui ne créent pas leurs propres mondes open source pour pouvoir les partager et essayer de donner un exemple libre et personnel contre ce monde commercial. Je n'ai que de l'admiration pour les gens qui peuvent proposer et nous offrir une nouvelle vision libre de ce monde.
J'ai aussi mes contradictions et mes limites de développement, dans le sens où j'utilise aussi des produits commerciaux, notamment avec les contrôleurs ou l'ordinateur Mac. Cependant, j'essaie de tendre vers le libre, du moins en ce qui concerne les logiciels. Actuellement, je n'utilise pas Linux, car beaucoup de systèmes de spatialisation que j'ai utilisés étaient connectés en ethernet avec Dante, qui n'offre des pilotes que pour Mac et Windows. L'utilisation de Linux aurait alors nécessité l'achat d'une carte son coûteuse et encombrante. Et, si j'ai choisi d'utiliser des contrôleurs physiques commerciaux bon marché et professionnels, c'est pour que chacun puisse s'approprier l'outil, sans avoir à construire ses propres interfaces.
Sur la tombe de Karl Marx, on peut lire l'épitaphe suivante : « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières. L'important, c'est de le changer ». Le développement, la promotion et l'utilisation quasi exclusive de logiciels libres représentaient ma façon utopique de changer mon monde, même si c'est de façon minime, comme une petite poussière pour arrêter la machine capitaliste.
[Ma série de performances sur le capitalisme Free parties will survive], aborde le rapport à l'argent, à la propriété et ce désir d'en vouloir toujours plus. Elle représente ma haine de ce système inhumain pour moi, en l'utilisant et en l'opposant à des sons hardcore des free party des années 2000, tout aussi durs, symbolisant un certain désir de révolte, de liberté, d'anarchie. Selon moi, le système capitaliste exacerbe et utilise les travers de l'homme tels que l'égoïsme. Contrairement à Adam Smith, qui s'appuie notamment sur ce trait de caractère pour poser les grands principes du libéralisme économique, je ne peux croire qu'en un système qui promeut et encourage les valeurs d'équité et de partage. A l'instar du compositeur Raphaël Cendo, je tente de résister à ce système capitaliste en m'intéressant peu à la production d'un objet (musical) pour un objet ou à la transmission d'une perception, mais à la manière concrète de réaliser un objet partageable ou de transmettre une expérience. Cependant, je considère que le discours a peu de portée sans un acte volontaire accompagnant la pensée. C'est pourquoi mon seul moyen de faire face au capitalisme, a été de proposer des improvisations à partir d'outils de création et de production libres et open source.
Un jour, j'ai entendu un artiste ingénieur dire qu'il ne se souciait pas de ce que le public pensait de sa performance ou de sa façon de créer. Cette vision d'un artiste uniquement préoccupé par son monde sonore ou son expression, sans réel engagement pour la société dans son art, ne m'intéresse pas de la même manière. Je ne recherche plus l'intelligence ou la beauté de ce que font les artistes, mais leur bonté, leur générosité ou leur exemple pour le monde.
Selon Jacques T. Godbout, « l'œuvre d'art est un don parce que le don, [...] c'est ce qui nous confirme les uns aux autres que nous ne sommes pas des choses ».
- Comment alors exprimer ce don en musique, en performance électronique ou en art numérique ?
- Montrer ou entendre une expérience ou une composition est-il une forme suffisante d'expression ou de partage ?
- Comment transmettre davantage et créer des liens plus forts avec les autres, en faisant en sorte que la barrière qui sépare l'artiste chercheur du public s'estompe et que ces derniers échangent leurs rôles ?
Ma pratique des outils et des technologies vise à se concentrer non pas seulement sur ce qui est créé et sur le divertissement, mais aussi sur le comment et la manière dont le travail est effectué à travers le partage de codes et de futurs ateliers de formation ou des installations de performances participatives.
En partageant ce code, il s'agissait donc de : « rendre visible le mécanisme pour que les gens comprennent comment cela marche et s’en empare, afin que l’on retrouve le bien commun. », dans une pensée similaire à Feda Werdak, qui fait des installations machines mobiles, ludiques, qui bougent avec le courant de l'eau, avec la force humaine, avec le vent, qui s'activent avec les énergies qui existent.
L'art devrait être au service de notre libération. Cependant, en persévérant dans cette position radicale, je me suis aussi exclu du « monde », car je ne considère plus la profusion de productions électroniques réalisées avec des logiciels commerciaux, même si je peux les aimer, parce qu'elles ne transmettent pas intrinsèquement l'idée de partage et n'ont pas vocation à remettre en cause les positions dominantes dans la société.
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